Wednesday, September 24, 2008

Comment organiser l'information militante sur Internet (2ème partie)

Dans un post précédent, j'ai énuméré un certain nombre d'outils Internet de type Web 2.0 qui peuvent servir au militant ou à l'activiste pour mieux gérer l'information qu'on retrouve sur Internet. J'ai ainsi parlé brièvement de trois catégories:
1. Les sites de références qui sont les sites ou les blogs qu'on consulte sur une base régulière,
2. Les aggrégateurs de contenu qui permettent de concentrer l'information afin de pouvoir la consultation très rapidement,
3. Le "social bookmarking" qui permet d'associer nos signets à des mots-clés (tags) ce qui facilite leur recherche et surtout leur partage.

Certains autres outils de type Web 2.0 sont fort intéressants quoiqu'à ce niveau, certaines carences restent, selon moi, à combler.

4. Les outils qui amènent à la surface les nouvelles les plus importantes.

Certains outils permettent non seulement d'accéder à une aggrégation de contenu mais ils permettent aussi de voir rapidement les nouvelles les plus importantes. Évidemment, la notion d'importance d'une nouvelle reste assez subjective et chaque outil implémente son propre modèle.

AideRSS
AideRSS est un aggrégateur de fils RSS qui offre la possibilité de déterminer ce qu'on veut rendre visible. En fait, AideRSS amène un peu le "page_ranking" de Google au niveau des fils RSS en faisant l'hypothèse que plus une nouvelle est lue et/ou plus une nouvelle est commentée, plus elle est importante. On peut donc, à partir de fil RSS qu'on a inscrit dans AideRSS, déterminer qu'on veut dans un premier avoir visibilité sur le "top 20%" des nouvelles.

L'avantage d'AideRSS est qu'il permet à l'utilisateur d'y inscrire les fils RSS de son choix. AideRSS est ni plus ni moins qu'un filtre "quantitatif" appliqué à ces fils.

Digg
Digg est un site qui permet de faire référence à une nouvelle. En fait, plus une nouvelle est "référencée", plus elle monte à la surface. Pour "digger" une nouvelle, il s'agit de la "poster" sur le site de Digg ou encore de cliquer sur le bouton "Digg" qui se trouve maintenant sur des centaines de sites de nouvelles, dont les plus importants.

L'importance de la nouvelle est donc associée au nombre de "Digg". C'est ce que les américains appellent "wisdom of the crowd", ce qui, on s'en doute, a parfois bien peu à avoir avec la sagesse.
Digg permet donc de voir très rapidement "ce qui est hot" (sur un horizon quotidien, hebdomadaire, mensuel, etc.). Un des désavantages est que les catégories sont très générales, certaines étant très orientées au niveau des technologies.

5. Les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux tels que myspace, orkut, ning, hi5 ou facebook sont clairement l'innovation technologique de 2007-2008. Ce n'est pas tant l'application que le potentiel que recèle cette approche qui est extraordinaire.

Si on en revient à la problématique de base visant à m'informer, en tant que militant ou activiste, sur un sujet d'intérêt précis (la guerre Irak, la crise en Bolivie ou la pauvreté des enfants dans Montréal Centre-Sud), rien ne peut égaler un cadre ou plusieurs partageant les mêmes intérêts que moi peuvent utiliser des outils pour faire circuler de l'information. Si je suis par exemple dans Facebook et que je suis inscris à un groupe traitant de la Bolivie, dès qu'une personne publie une nouvelle, pose une question, apporte un élément d'information, tous les membres de ce groupe peuvent accéder à l'information, la commenter, la bonifier et ainsi de suite.

Le concept est imparable!

Il existe toutefois un certain nombre de problèmes. La langue par exemple en est un. Si je suis vraiment intéressé par la Bolivie et que je ne parle pas espagnol ou même anglais, je manque nécéssairement bon nombre d'information. Ou même si je parlais ces langues, il y a fort à parier que je doive m'inscrire à plusieurs groupes différents sans possibilité d'aggrégation de contenu.
L'alertage en est un autre. La technologie Web actuelle est dite "stateless" dans le sens ou l'utilisateur "doit aller" vers l'information. Rien ne permet actuellement à ce que je sois alerté "sur le champs" si par exemple Morales faisait l'objet d'un coup d'état. Nous n'en sommes pas très loin mais ce n'est pas possible pour l'instant.

Un autre aspect négatif, selon moi, est le faible niveau d'activité au niveau des groupes de Facebook (le site que je fréquente le plus souvent). Prenons par exemple, cinq groupes auxquels je suis inscrit:
- Attac-Montréal
- Attac-Québec
- Forum social québécois
- Québec solidaire
- NPD Québec

Si on cumule l'activité de ces groupes sur les 9 derniers mois, c'est extrêmement faible. A moins que je me plante et que quelqu'un m'indique un groupe ou un site ou tout le monde est en contact!

6. Le "lifestreaming"

Le "lifestreaming" est représenté par un outil révolutionnaire qui s'appelle Twitter.

Essentiellement, un utilisateur de Twitter fait deux choses:
1. Il indique ce qu'il fait présentement
2. Il consulte ce que les autres font (en déterminant au préalable qui il "suit")

Ca peut paraitre totalement bénin et personnellement, je suis un peu sceptique face à un tel outil.
Il demeure que plusieurs activistes ont utilisé Twitter pour donner de l'information lors de représsion policière ou lors de manifestations (voir digiactive.org et globalvoicesonline.org). Il demeure aussi qu'en termes de "fil de presse", Twitter a gagné ses lettres de noblesse battant tous les réseaux américains incluant CNN. Il s'agit en fait de "suivre" les bonnes personnes.
D'un autre côté, on retrouve beaucoup de "bruit" sur Twitter. Il devient rapidement ardu de sélectionner l'information intéressante quoique je suis certain que de tels outils existent.

Conclusion

Tous ces outils m'apparaissent fort intéressants. Il demeure que ce sont des outils de type Web 2.0 et qu'ils seront pertinent s'ils sont utilisés par des gens qui sont tout aussi pertinents.

Si tous les activistes de gauche, si tous les militants utilisaient massivement ces outils au niveau de leur potentiel, je suis personnellement convaincu que nous serions estomaqués du gain que nous ferions, collectivement.

No comments: